Test : Black Desert Online (2024)

Traduit de l'anglais par IGN France.

Je n'ai pas passé mes dernières heures sur Desert Black Online à abattre des Orcs à coups de flèches ou à tester mes aptitudes face à d'autres joueurs, mais plutôt à essayer de dresser des chevaux. Cette simple action a réveillé en moi des souvenirs remontant à l'adolescence, et je reste admiratif devant le fait qu'une telle possibilité ait été incorporée au cœur de ce vaste MMORPG de type bac à sable. Malheureusem*nt, comme c'est trop souvent le cas dans Black Desert Online, cette mécanique semble incomplète. La boucle du lasso que j'ai choisi était ridiculement petite par exemple, et j'ai été bien incapable de connaître le sexe du cheval que je convoitais afin de l'élever aux côtés d'autres chevaux avant de l'avoir effectivement attrapé. Cependant, pouvoir apprivoiser un cheval en lui tendant une simple poignée de sucre reste pour moi un petit moment de bonheur. Je ne connais d'ailleurs aucun autre MMORPG contemporain capable de m'offrir une satisfaction similaire.

Si je parle de cela, c'est parce que peu de MMORPGs proposent un univers aussi crédible que celui de Black Desert Online. Pouvoir apprivoiser et dresser des chevaux n'est qu'une partie de l'iceberg. Certes le titre offre aussi quelques éléments hérités de la fantasy comme la race des elfes, mais ces ajouts restent subtils, les oreilles pointues de ces derniers étant souvent masquées par d'impressionnantes coiffures. Ok, il y a aussi cette race de loutres humanoïdes (non-jouable), mais celle-ci se mêle bien au paysage de cet l'univers résolument low-fantasy. Ce souci du détail est particulièrement visible lorsque l'on s'attarde sur les magnifiques environnements presque Witcher-esques du titre où se mêlent vignobles soigneusem*nt taillés et végétation battue par le vent. Cela a évidemment un coût en terme de performances et les réglages les plus hauts ont mis à rude épreuve ma GeForce GTX 980 lors de certains passages affichant une foule dense, mais j'ai fortement apprécié la manière dont Black Desert Online usait de ce sens du détail pour créer un monde cohérent dans lequel les humbles demeures toscanes côtoient les impressionnants châteaux que nous voyons habituellement dans ce type de production.

Comme pour le dressage des chevaux, le réalisme du titre provient de la richesse et de la profondeur des mécaniques secondaires que le jeu introduit. Plutôt que d'encourager la précipitation et la recherche bornée du niveau maximum comme c'est trop souvent le cas chez ses concurrents, Black Desert Online met en avant un format de type bac à sable. Offrant un système d'XP secondaire basé sur les points de contribution, le jeu met donc en avant des activités secondaires, comme établir des échanges commerciaux avec les travailleurs que vous recrutez, pécher sur les quais, revendre la fourrure des animaux abattus ou cultiver vos terres. Pour développer une culture de carottes destinées à nourrir mon cheval, je dois prendre en considération différents facteurs comme l'humidité du sol, son approvisionnement en eau ou encore la température moyenne des lieux. Bien sûr, vous pouvez parfaitement rusher jusqu'au niveau 50 si c'est votre style.

Feed for Speed

Alors, pourquoi les carottes ? Tout simplement parce que les chevaux sont fatigués après de longs voyages et ceux-ci ont besoin d'être nourris régulièrement pour pouvoir maintenir leur allure. Je peux aussi les acheter directement à un PNJ situé non loin des écuries, mais les légumes que vous faites vous-même pousser sont bien plus « nourrissants ». C'est d'autant plus important lorsque l'on sait que le jeu ne dispose pas d'un option « trajet rapide » mais d'un simple parcours automatisé pour se rendre à destination. Si vous avez laissé un équipement quelconque dans le dépôt d'Heidel, vous devrez donc galoper jusqu'à celui-ci pour le récupérer. Habituellement ce genre de trajets devient rapidement ennuyeux, mais comme Black Desert Online ne dispose pas réellement d'objectif ultime en dehors des combats de boss et autres PvP, cette invitation au voyage et à la flânerie ne constitue pas en soi un défaut. Selon moi, cela donne surtout au joueur le sentiment de parcourir un monde vivant et cohérent et lui offre une excellente raison de pourfendre Orcs et Nagas arpentant les pâturages environnants.

Et justement, les affrontements sont définitivement amusants. Black Desert Online est probablement le MMO qui se rapproche le plus de la philosophie du système de combat d'un jeu d'action/aventure solo, et les huit classes qu'il propose possèdent toutes leur lot de satisfactions. Prenez l'exemple de la Magicienne (Sorceress) qui martyrise les méchants à grands coups de magie noire à la manière d'un moine Shaolin malfaisant. Le Guerrier (Warrior) possède quant à lui un large éventail de combos et offre une expérience certes moins explosive mais tout aussi satisfaisante. Après plusieurs faux départs (compliqués par le délai d'attente d'un jour imposé lorsque l'on supprime un personnage), j'ai finalement choisi l'Archère (Ranger), capable d'esquiver les attaques ennemies en effectuant des sauts périlleux et d'infliger de forts dommages à l'aide de son arc ou de son poignard.

Les huit classes possèdent toutes leur lot de satisfactions.

Cependant on ne choisit pas le sexe de son personnage, et cela est bien dommage. Ainsi, chaque classe proposée dispose d'un genre et d'une race spécifiques, même si la Sorcière (Witch) reste l'alter-ego du Sorcier (Wizard) et que la Valkyrie, certes plus centrée sur la défense, s'apparente fortement au Guerrier (Warrior). Mais quid du Géant (Berserker), l'Archère (Ranger) et de la Magicienne (Sorceress) ? Eh bien vous vous retrouvez respectivement face à un affreux géant, une femme elfe habillée très court et un sosie de Yennefer de Vengerberg (l'amour de Geralt dans la saga The Witcher). J'ai trouvé cela plutôt cocasse étant donné que Black Desert Online mise beaucoup sur les possibilités de son système de création de personnage, qui révèle pourtant ici ses limites. Même si vous pouvez faire des choses fantastiques lorsqu'il s'agit de personnaliser les visages, le Sorcier aura toujours l'apparence d'un vieil homme, le Géant une silhouette bossue et les membres de la classe Invocateur (Tamer) ressembleront tous à des petites filles. Pire encore, les équipements disponibles diffèrent peu, et j'ai souvent eu la désagréable impression de déambuler dans des villes remplies de clones.

La boutique virtuelle construite sur le modèle du « payer-pour-jouer » (buy-to-play) adopté par Black Desert Online offre de nombreuses possibilités d'ordre purement cosmétique pour chaque classe, malheureusem*nt la plupart des articles proposés sont tout simplement hors de prix et coûtent parfois aussi cher que le jeu lui-même. Je ne parle même pas du système de teintes qui vous oblige à en racheter une nouvelle après chaque utilisation et des très dispensables animaux de compagnie qui courent autour de vous et se chargent de ramasser vos ressources (loot) pour près de 10 euros chacun. Malgré tous ces apports, la boutique ne propose finalement qu'un nombre restreint de tenues supplémentaires, et même ceux qui choisissent d'y dépenser leurs économies (comme je l'ai fait en adoptant un style « très cuir ») finissent par ressembler à d'autres joueurs ayant choisi la même classe.

L'Attaque des Clones

Tous ces petit* détails nous montrent que Black Desert Online affectionne définitivement l'uniformité. Même si le fait de galoper à travers la campagne reste très plaisant, vous n'aurez jamais réellement l'occasion de voir autre chose que des paysages mêlant cours d'eau tumultueux et forêts, et le désert mentionné dans le titre est tout simplement introuvable. Le système de progression fait honneur au grinding dans la plus pure tradition coréenne et rares sont les MMO actuels qui adoptent une vision des grinds aussi rigide. Pris individuellement, les PNJs offrent un défi assez limité, ce qui m'a d'abord paru étrange avant que je ne comprenne qu'il fallait les occire par paquet de quinze et répéter cette action ad nauseam. Le système de combat se révèle agréable et je n'ai d'ailleurs jamais été lassé d'abattre ennemis et bandits en plus de 30 heures de jeu, mais son fonctionnement adopte parfois un rythme absurde et m'a obligé à reconfigurer ma barre de raccourcis afin d'y placer mon attaque à aire d'effet et mes potions mana dans ses emplacements les plus facilement accessibles. Cette configuration m'aurait posé de nombreux problèmes face à d'autres joueurs, mais elle a fort bien fonctionné en PvE, et ce sur une bonne dizaine de niveaux.

Rares sont les MMO actuels qui adoptent une vision des grinds aussi rigide

A la décharge de Black Desert Online, vous n'êtes pas vraiment supposé gagner des niveaux d'une manière aussi répétitive, même si celle-ci reste très efficace et offre beaucoup d'XP supplémentaire aux joueurs choisissant de grinder en groupe. Dans des conditions optimales (c'est à dire en l'absence de concurrence et en connaissant parfaitement l'endroit où vous souhaitez grinder), vous devriez atteindre le niveau max en quelques heures. Sachez cependant que si vous choisissez cette voie, vous raterez les récompenses offertes après une quête complétée comme ces emplacements supplémentaires pour votre inventaire ou cette monnaie d'échange nécessaire à la réalisation des principales activités secondaires de Black Desert. Par extension, cela signifie aussi que vous manquerez l'intrigue principale.


Cette impression de confusion ne concerne malheureusem*nt pas uniquement l'histoire et touche aussi d'autres éléments de Black Desert Online, même si réussir à s'en accommoder ne demande pas non plus un effort surhumain. Malgré le fait que le titre dispose de vidéos tutorielles intégrées, peu d'aspects de Black Desert Online (excepté son système de combat) y sont correctement expliqués, et cela vous obligera à des allers-retours fréquents entre le jeu, les wikis et les forums si vous souhaitez en savoir plus au sujet des spécificités de l'agriculture ou du dressage de chevaux. Fort heureusem*nt, Black Desert Online étant sorti depuis quelques années en Corée et disponible pour les anglophones en version bêta depuis plusieurs mois, les ressources sont disponibles sont nombreuses. A ce sujet, les discussions via Chat sont aussi très utiles... enfin surtout si vous avez la chance de pouvoir consulter les réponses des autres utilisateurs entre deux spams d'un site cherchant à vous vendre de l'or.

Les quêtes bénéficient de textes semblant tout droit sortis de Google Translate

Rassurez-vous, celle-ci n'est pas spécialement marquante. Le récit débute cependant de façon prometteuse et se concentre sur un esprit sombre et menaçant, vous suivant comme votre ombre et prenant peu à peu forme humaine au fur et à mesure que vous remplissez les quêtes. Vous pouvez faire appel à lui à tout moment et il se chargera même d'améliorer vos armes et armures. L'intrigue reste cantonnée au second plan et ce sera à vous de chercher à en savoir plus. Le fait que les quêtes bénéficient de textes semblant tout droit sortis de Google Translate ne vous rendra pas la tâche facile, et il regrettable de constater que la plupart d'entre elles partent du principe que vous avez déjà effectué celles qui les précèdent, cela même si vous n'en avez jamais vu la couleur. D'habitude, je trouve toujours quelque chose à apprécier dans la plupart des intrigues des RPGs auxquels je joue, mais je dois avouer que j'ai cette fois seulement retenu qu'il y avait un prince maléfique, un possible dragon et que je pouvais plaisanter en surnommant mon compagnon fantôme « Casper » au sens le plus ironique du terme.

L'avantage, c'est que la maîtrise de ces mécaniques de jeu secondaires offre un degré de satisfaction hors combat rarement atteint chez ses concurrents, et j'ai notamment pu en faire l'expérience en apprivoisant puis en élevant des chevaux. Certes Black Desert Online n'est pas tout à fait le jeu bac à sable façon EVE Online et orienté fantasy qu'il rêve d'être, mais il faut admettre qu'il s'en rapproche. Je suis par contre assez partagé au sujet de sa potentielle longévité puisque celui-ci ne propose pas de système de donjons ou de raids parallèlement aux combats de boss, et le contenu supplémentaire prévu concernera surtout les imposantes batailles entre guildes et les échanges commerciaux. Sachant que son système PvP parait affreusem*nt déséquilibré et dépend énormément de l'équipement du joueur (actuellement il n'est d'ailleurs pas rare de voir un seul joueur en surpasser cinq), je frémis à l'idée de savoir de quelle façon ces contenus seront implémentés au sein du jeu. Même si l'artisanat occupe beaucoup de mon temps, je peux déjà imaginer le moment où j'aurais appris tout ce qu'il y a à apprendre.

Pour l'heure, il me reste toujours mes chevaux à dresser. Cela faisait longtemps que je souhaitais revivre « réellement » cette expérience, et Black Desert Online en capture si bien l'essence que je ne suis pas près de m'en lasser. Pour être honnête, je préfère de loin cela et la possibilité de construire d'étonnants bateaux (semblables à ceux que j'ai pu voir flotter durant mon périple) au fait de grinder pour atteindre le niveau maximal, et mine de rien, il s'agit d'une réussite notable pour un MMORPG récent.

Black Desert Online figure certainement parmi les MMOs orienté fantasy les plus originaux disponibles à l'heure actuelle. Il offre un monde magnifique, particulièrement crédible et agréable à parcourir. S'il propose un système de combat perfectible et un contenu haut-niveau discutable, il n'en reste pas moins un titre capable d'offrir des dizaines d'heures d'amusem*nt.

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Author: Nathanial Hackett

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